jeudi 20 avril 2017

La balade électrique d'Emily Archer, Jof Brigandet

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Sam Scott sous une apparence d'homme d'affaires prospère est en fait un tueur en série imprévisible qui a échappé jusqu'à présent à la vigilance du FBI. Taciturne il n'a qu'un seul ami John, chauffeur routier un peu spécial. Au moment où une belle somme d'argent lui revient il va enfin pouvoir réaliser son rêve et acheter l'appartement mitoyen du sien. Malheureusement le bien qu'il convoitait lui est soufflé par William Archer et sa fille Emily. Il n'en faut pas plus pour que Sam Scott décide de les supprimer. Tâche relativement facile lui semble-t-il parce qu'Emiliy est lourdement handicapée. Mais c'est compter sans l'ironie du sort qui va multiplier les obstacles à son sinistre projet.

Avec ce thriller atypique, Jof Brigandet nous emmène à la suite d'un personnage à priori antipathique dans un labyrinthe de situations improbables où, petit à petit, le lecteur va s'attacher à Sam Scott. L'écriture est simple et efficace, tandis que la structure narrative en trois blocs et un épilogue réserve quelques surprises de taille. Jof  Brigandet nous propose un excellent premier roman policier jubilatoire, qui se lit d'une traite. À quand le suivant ? 

La balade électrique d'Emily Archer de Jof Brigandet est parue aux éditions du Caïman. 

Chronique diffusée le samedi 8 avril 2017, lors de l'émission  "Un jour, un livre un auteur" sur Radio Présence Lourdes.


Carré noir sur fond noir, Philippe Paternoli.

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Le commissaire Vincent Erno et Claire sa compagne sont installés depuis quelques mois à Plassans petit village entre Var et Bouches du Rhône lorsque à la suite de ce qui ressemble à un attentat lors de l'enterrement de Jacques Delaunay, ancien président du Conseil d'Etat et potentat local, il est chargé de l'enquête. Celle-ci vise autant à valider la thèse de l'attentat auquel ont miraculeusement échappés tous les hauts personnages de la République française, qu'à retrouver la trace de six mystérieux tableaux qui ont disparu du domicile du défunt.

Quel rôle Erno doit-il interpréter dans l'esprit de son mystérieux patron, Renoir. Rompu aux affaires délicates et discrètes, le commissaire n'a de cesse de multiplier les précautions et faire appel à des collaborateurs extérieurs à son service. Las, il constate rapidement que malgré ses précautions des membres de l'énigmatique Cube (un service de renseignement véritable citadelle dans la citadelle du renseignement) n'ont aucune difficulté à suivre sa trace. À moins que ce ne soient des sbires à la solde de Renoir son propre patron.

Dans un vertigineux jeu de pistes, qui zigzaguent en un trompe l'œil digne de Escher, Philippe Paternoli s'amuse à changer les focales et mener son héros (et bien entendu le lecteur) dans des situations qui s'avèrent en définitive être toutes autre lorsqu'il pense les avoir saisies. Comme s'il n'était pas possible d'établir un contraste entre vérité et mensonge, ce qui justifie admirablement le titre. L'écriture est nerveuse, les moments de tension s'enchaînent à un rythme endiablé, au point que lors des rares épisodes de quiétude du héros on se prend à trembler à la perspective d'un coup de théâtre qui, frisson suprême, n'arrive que de façon aléatoire.
Un livre parfait pour les amateurs de jeux troubles et d'actions endiablées.


Carré noir sur fond noir de Philippe Paternoli est paru aux éditions Caïman.

Chronique diffusée le samedi premier avril 2017, lors de l'émission  "Un jour, un livre un auteur" sur Radio Présence Lourdes.