mercredi 5 juillet 2017

N'y voyez rien de personnel, mon dernier roman en date.

-->
 
-->
Après quatre romans décrivant des enquêtes du commissaire Ney, j’ai eu envie d’une pause pour me confronter à une autre forme du roman policier, à savoir le thriller. Envie de passer du suspense créé par l’énigme (qui parmi les suspects est le meurtrier et pourquoi a-t-il agi ainsi ? ) à celui (plus délicat à mettre en œuvre) de la confrontation entre deux volontés, celle du chasseur d’un côté et de sa proie de l’autre. Confrontation ludique, certes, puisqu’elle s’apparente à un jeu (d’échecs, de stratégie …) mais un jeu où la mise n’est ni plus ni moins que la vie de l’un des deux protagonistes.
Dans le thriller ce jeu s’installe à plusieurs niveaux. Bien entendu, il est le cœur du récit mettant en scène des personnages dont les actions réciproques évoluent dans une mise en difficulté de l’un ou l’autre au gré des coups de théâtre que provoque tel ou tel aléa du réel. Mais il y a un second niveau, celui de l’auteur qui se trouve contraint, par les règles de départ de son récit, de concevoir des situations de crise allant crescendo par souci dramatique. Il y a là pour celui qui écrit une jouissance presqu’enfantine à affabuler dans le plus beau sens du terme. Certes, parfois le dénouement de l’action périlleuse nécessite un long et coûteux effort d’imagination. Mais quel régal lorsqu’enfin l’obstacle franchi, on jubile à la surprise que ressentira le lecteur. Parce qu’il y a enfin un troisième niveau de jeu, celui auquel est convié le lecteur qui très artificiellement se retrouve à observer les deux camps. Initié aux ruses de l’un et l’autre protagoniste il se trouve embarqué, de fait, dans la délicieuse indécision de la situation et suppute les chances (et moyens) de réussite de chacun des personnages.

Le point de départ de ce nouveau roman, « N’y voyez rien de personnel », peut se résumer à trois questions. Que peut-il bien se passer dans la tête d’un tueur à gages lorsqu’il exécute une victime ? Comment peut-il vivre avec l’horreur de son geste sur la conscience ? D’ailleurs, un tueur a-t-il une conscience ? Ces questions à la fois morales et psychologiques s’imposent au personnage principal, Monsieur René, lorsqu’au bout d’une trentaine d’années de carrière il décide par lassitude de raccrocher ses armes. Commence alors un récit autobiographique que le narrateur nous signale d’emblée expurgé de tout élément permettant de lui définir une identité certaine. Monsieur René tient sa plume fermement, il est une énigme vivante et s’attache à le rester au-delà de la mort.
Si j’en était resté là, ça aurait été un roman d’aventure. Il y a donc un déclencheur qui va troubler la quiétude de Monsieur René, une nouvelle offre de contrat. Le contrat de trop ? Premier suspense.

Or, très rapidement le besoin de pimenter le récit des « exploits » du tueur m’a incité à introduire une seconde intrigue autour du commissaire Gouarec, un haut cadre de l’Inspection Générale de la Police Nationale (un bœuf-carotte dans le jargon policier). Si le grand public connait l’Inspection Générale des Services et l’IGPN à travers leurs interventions lors de « bavures » policières, ces deux vénérables institutions mènent au jour le jour des inspections beaucoup plus routinières, comme des audits des différentes Écoles de Police (Gardiens, officiers ou commissaires) et de services du Ministère de l’Intérieur. C’est au cours d’une de ces inspections que le commissaire Gouarec va s’intéresser au développement d’un logiciel permettant de traquer les tueurs en série. Et voici donc apparaître l’adjuvant qui fait de Gouarec le héros positif du roman.
Deux héros, deux trajectoires. Il est clair qu’elles ne peuvent que se croiser (sinon il n’y aurait pas de roman). Le carrefour dramatique sera l’exécution d’un suspect au nez et à la barbe des policiers chargés de sa surveillance. Qui dit manquement à leur mission de la part de policiers, signifie intervention de l’Inspection Générale. C’est à ce moment-là que Gouarec suspecte l’action d’un professionnel et réclame l’aide du logiciel. Ce dernier met à jour une partie des contrats de Monsieur René. Mais sera-t-il possible de remonter jusqu’à lui ? Second suspense.
Pour les conseillers du Ministre de l’Intérieur, il faut tricher et offrir une victime au tueur pour le débusquer. Faisant fi de la plus élémentaire déontologie un piège est mis en place, déclenchant une sinistre escalade qui sème les cadavres innocents. Pour autant le prix payé garantira-t-il l’arrestation de Monsieur René ? Ultime suspense.



N’y voyez rien de personnel, aux éditions Arcane 17, collection Polar rouge, sortie juin 2017.
Ce roman a été publié avec le soutien du Centre Régional du Livre Occitanie.