Mais où avait la tête Elisabeth
Parrot dite Gaya, journaliste indépendante, lorsqu'elle a accepté ce reportage
au Venezuela dont elle ne saisit pas bien qui est le véritable commanditaire. À
peine arrivée à Caracas, la capitale du Venezuela, Gaya se trouve embarquée
dans une série de situations dangereuses, coincée entre d'une part des proches
du régime vénézuélien et des opposants prêts à tout pour abattre le
gouvernement de Chavez. Nous sommes en 2007 en plein cœur de la polémique sur
la fin de la concession de RCTV et des accusations de reprise en main de la
presse par le pouvoir vénézuélien. Autour d'elle gravitent très rapidement des
individus dont elle ignore s'ils sont ses alliés ou des ennemis. D'abord
Ricardo son contact et protecteur. Ensuite Alicia Hernandez rencontrée par
hasard dans l'avion qui semble beaucoup connaître sur sa vie mais qu'il lui est
impossible de retrouver plus tard.... Sans oublier Miguel Salamanca un poète
madrilène qui tente de la séduire, mais dont le rôle paraît équivoque.
Quel crédit accorder aux rumeurs qui
prédisent un attentat sanglant au cours d'une conférence internationale sur les
médias à laquelle doivent assister de nombreux politiques et journalistes
internationaux? Et la découverte du corps sans vie du tueur à gage qui était
censé provoquer le massacre est-elle le signe que ses commanditaires ont
découvert qu'il avait été retourné par les services de sécurité ou une mise en
scène du pouvoir pour accréditer la thèse du complot ?
En fin connaisseur de l'Amérique
latine et des réseaux d'extrême droite, Maxime Vivas nous décrit une tragédie
où les faux semblants peuvent autant cacher une loyauté sans faille comme la
pire des forfaitures. L'auteur nous plonge dans un décor exotique, digne des
meilleurs romans d'espionnage, où la douceur de vivre occulte une misère
profonde, opposant les quartiers des classes possédantes ou moyennes aux
bidonvilles surplombant la capitale face à l'océan. Argent, intérêts
stratégiques et idéologiques, relents d'un colonialisme persistant malgré la
fable bolivarienne sont le terreau sur lequel grandit une violence aveugle. Par
touches successives Maxime Vivas pose les éléments du drame, tirant un à un des
fils qu'il nouera plus tard en un finale palpitant.
Le titre, Rouges les collines de
Caracas fait autant référence au sang versé quotidiennement dans l'une des
villes les plus meurtrière du globe, qu'à la couleur de la brique brute des
quartiers populaires. Et cette ambiguïté révèle toute la saveur de ce roman.
Rouges, les collines de Caracas, de Maxime Vivas aux éditions Arcane 17
Cette chronique a été diffusée le 7 mai 2016 lors de l'émission Un jour, un livre, un auteur sur Radio Présence Lourdes.
Rouges, les collines de Caracas, de Maxime Vivas aux éditions Arcane 17
Cette chronique a été diffusée le 7 mai 2016 lors de l'émission Un jour, un livre, un auteur sur Radio Présence Lourdes.