« Moi, je conduirai les chevaux »
est un titre trompeur, l’expression volontariste (que l’on imaginerait
volontiers sortant de la bouche d’un adolescent défiant un adulte donneur de
leçons) est à l’opposé du calme, de la quasi résignation des personnages qui
peuplent la douzaine et demie de nouvelles que nous offre Anne Lasserre-Vergne
dans cet opus. Chacune de ces courtes
histoires est une tranche de vie, presque un instantané, situé à l’ultime bout
du chemin. Ce sont de petites saynètes pleines de verve où la vieillesse et la
mort s'affrontent comme un passage naturel parce que la vie des personnages a
vraiment été vécue. Là, face à l’inéluctable finitude les personnages révèlent
une lucidité douce et apaisée. S’il y a des regrets, ils sont assumés avec
pudeur et dignité.
Anne Lasserre-Vergne réussit à faire d'un
thème a priori triste et déprimant un moment de nostalgie apaisée plein
d'humour et de chaleur. Elle cisèle de très beaux textes parfois plus proches
du conte que de la nouvelle telle qu'on l'imagine. Le lecteur se laisse guider
par la plume aérienne de l’auteure vers un univers où il plonge totalement,
ressentant la tiédeur d’une brise, l’odeur d’encaustique et de lavande d’une
vieille demeure, les fragrances florales lorsque s’installe le crépuscule et le
bruit assourdi de la vie alentour qui continue alors que celle du personnage
s’efface doucement. Si l’ironie est présente dans ces beaux textes, elle ne se
départ jamais d’une profonde tendresse. Peut-être parce que, comme le disait
Mahler, l’ironie est l’élégance du désespoir.
Le
recueil « Moi, je conduirai les chevaux » se lit avec gourmandise. Un
grand merci à l’auteure pour ces beaux instants rassérénés.
« Moi,
je conduirai les chevaux » de Anne Lasserre-Vergne est édité aux éditions
Lucane 2017
elle viendra le 27 octobre à Adé , à ne pas manquer .
RépondreSupprimer