samedi 11 novembre 2017

Un week-end à l'Hôtel d'Assézat

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À un jet de pierre de la Garonne, en plein cœur de ce vieux quartier de la Daurade qui s’illustra à la Renaissance par le commerce du pastel, voici l’Hôtel d’Assézat qui dresse fièrement ses tourelles ouvragées, ses murs de brique rose et ses fenêtres à meneaux. Les lourdes portes de chêne largement ouvertes invitent le passant à en franchir le vaste porche en pierre de taille. La grande Cour d’Honneur accueille aujourd’hui un chapiteau blanc dont les voiles latérales flottent au vent léger de ce samedi matin de fin octobre. Des panneaux posés çà et là indiquent au visiteur curieux des destinations mystérieuses, qui tranchent avec le circuit habituel des visites culturelles. C’est qu’en cette fin de dernière semaine d’octobre les Gourmets de Lettres de Toulouse tiennent Salon. Autour de cet auguste aréopage chenu, héritier et perpétuateur de la tradition des Jeux Floraux, une centaine d’auteurs venus de toute la Région, plumes affutées et formules élégiaques en tête, piaffent d’impatience en attendant les amateurs de littératures. Dans les sous-sols de la noble Institution une exposition d’œuvres contemporaines étale ses palettes (qui chamarrée, qui à la manière de..., qui dans des tonalités sombres) en quête d’acheteurs avertis. Afin de stimuler la créativité de tabellions désœuvrés, pour créer une émulation récréative parmi les écrivain(e)s en herbe ou chevronnés, peut-être plus prosaïquement pour combler l’attente des résultats du palmarès des Prix, les organisateurs encouragent chacun des participants à produire de petits textes courts en résonance avec une des œuvres exposées de son choix. À l’issue du week-end, trois seront sélectionnés et gratifiés d’un cadeau-surprise.

L’auteur de ses lignes s’est prêté au jeu, en voici les rejetons. 

Elle n’est pas une lionne illustre



Au petit matin blême, lorsqu’enfin le dernier client s'éclipse elle se cale sur son fauteuil pour échapper au dégoût du lit. S’évader de la litanie des mâles frustres qui ne voient en elle que la chaude viande qui les soulage. Ne plus être à plat sous les corps adipeux et fétides. Être assise, presque debout, comme un dernier acte de résistance devant le défilé de bourses à vider. Mais Morphée la boude, ses yeux refusent de se fermer, les images persistent.
Alors que le soir approche, épuisée, elle s'endort, d’un sommeil lourd exempt de rêves.
Est-ce cela le « burne out » ?


Moltonel



Le soleil de fin octobre perce les derniers lambeaux de brume. Le large porche de l’Hôtel d’Assézat m’appelle. Je m’y glisse avec espoir. Peut-être n’aurais-je pas dû boire ces deux bières, ni les accompagner d’un café serré. Maintenant l'envie presse. Ah, voici le sous-sol ! Mais que font ici tous ces gens ? J’erre avec angoisse. Ah ! Enfin des toilettes, là dans un coin de couloir. Trait charbonneux, fond ocre beige, blanc cadavérique. Elles me narguent alors que ma vessie devient douloureuse. Tant pis j’y vais ! Zut, plus de papier !!!!

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