Les mots des salines de Philippe
Nonie, qui vient de se voir attribuer le prix Francis Jammes à Vic-en-Bigorre,
est plus qu’un roman intimiste ; il est aussi une patiente plongée dans
les souvenirs d’une jeune femme endeuillée et une ode majestueuse à la lenteur.
Lenteur de la marche, lenteur de l’évaporation qui fait émerger le sel en une
écume immaculée, lenteur du processus de deuil. Ce roman est une belle histoire
d’amour triangulaire où le lent déroulement de l’extraction du sel est une métaphore
du travail que requiert la perte, pour partant d’abysses vertigineuses aboutir
à la paix reconstructrice.
Elle, c’est Sophie qui travaille dans
l’édition et qui à la suite de la perte de Stéphane son compagnon décide de
remonter le cours du fleuve Adour pour, à travers cette marche à rebours, aller
vers le passé à la recherche de ses anciennes amours. Lui, s’appelle Simon,
c’est un écrivain britannique dont le dernier roman a pour cadre les salines
Villeroy à Sète. Sophie et lui se sont aimés par le passé. Victime d’une
maladie des yeux qui l’a rendu aveugle Simon a besoin d’un accompagnement pour
ce travail. Sophie, tout en lui cachant leur passé amoureux commun, est chargée
de l’aider et tous deux vont se côtoyer ainsi au long d’un été finissant.
Stéphane, l’amant décédé, s’intercale non comme un fantôme perturbateur, mais
comme un médiateur entre passé et présent, entre amour perdu et amour déchiré,
avec cette question lancinante : l’amour peut-il renaître de ses cendres ?
Les mots des salines de Philippe Nonie aux Éditions TDO, prix
Francis Jammes 2019.
Cette chronique a été diffusée dans l'émission "Un jour, un livre, un auteur" sur Radio Présence Lourdes lors du direct depuis Le Salon du Livre Pyrénéen le 5 octobre 2019.
Cette chronique a été diffusée dans l'émission "Un jour, un livre, un auteur" sur Radio Présence Lourdes lors du direct depuis Le Salon du Livre Pyrénéen le 5 octobre 2019.
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