jeudi 5 juillet 2018

Les morts sont sans défense, Philippe Stierlin


Vendredi 13 février 2009 Dominique Aguila, n° 2 d’Énergies du Monde, fait une chute mortelle depuis le 49ème étage de l’immeuble abritant l’entreprise à La Défense. Meurtre ou suicide ? C’est par cette entrée en matière alléchante que démarre le second roman de Philippe Stierlin « Les morts sont sans défense » aux éditions Arcane 17. Mais pour résoudre cette énigme le lecteur devra d’abord découvrir l’histoire de Clément, poursuivi dès son enfance par l’obsession de l’injustice et de sa réparation. Une disparition inexplicable, des rencontres trop fortuites pour être dues au hasard vont émailler ce premier récit qui s’interrompt énigmatiquement à l’automne 2008. La deuxième partie du roman s’inscrit dans les semaines qui suivent la chute de Dominique Aguila et déroule l’enquête du commissaire Jasper.

Philippe Stierlin signe un roman de quête où, par touches successives, il démonte le mécanisme destructeur du harcèlement au travail, devenu aujourd’hui la pratique favorite de management au sein des grands groupes industriels. Oubliées les valeurs humaines, oubliée la solidarité entre travailleurs, seule compte désormais la performance au bénéfice exclusif des actionnaires, devenus des parasites insatiables. En contrepoint de cet univers déshumanisé où règne une violence structurelle, les descriptions des havres insulaires dans lesquels se réfugie Clément introduit de la douceur et le temps retrouvant un défilement plus naturel induit la réflexion sur la condition humaine. Un très beau roman pour rêver, certes, mais aussi pour ouvrir les yeux sur une société schizophrénique qui broie sa propre chair sans états d’âme.



Les morts sont sans défense, Philippe Stierlin aux éditions Arcane 17.

Cette chronique a été diffusée dans l’émission « Un jour, un livre, un auteur » sur radio Présence Lourdes le 30 mai 2018.

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