Vendredi
13 février 2009 Dominique Aguila, n° 2 d’Énergies du Monde, fait une chute mortelle depuis le
49ème étage de l’immeuble abritant l’entreprise à La Défense. Meurtre ou
suicide ? C’est par cette entrée en matière alléchante que démarre le second
roman de Philippe Stierlin « Les morts sont sans défense » aux
éditions Arcane 17. Mais pour résoudre cette énigme le lecteur devra d’abord
découvrir l’histoire de Clément, poursuivi dès son enfance par l’obsession de
l’injustice et de sa réparation. Une disparition inexplicable, des rencontres
trop fortuites pour être dues au hasard vont émailler ce premier récit qui
s’interrompt énigmatiquement à l’automne 2008. La deuxième partie du roman
s’inscrit dans les semaines qui suivent la chute de Dominique Aguila et déroule
l’enquête du commissaire Jasper.
Philippe
Stierlin signe un roman de quête où, par touches successives, il démonte le
mécanisme destructeur du harcèlement au travail, devenu aujourd’hui la pratique
favorite de management au sein des grands groupes industriels. Oubliées les
valeurs humaines, oubliée la solidarité entre travailleurs, seule compte
désormais la performance au bénéfice exclusif des actionnaires, devenus des
parasites insatiables. En contrepoint de cet univers déshumanisé où règne une
violence structurelle, les descriptions des havres insulaires dans lesquels se
réfugie Clément introduit de la douceur et le temps retrouvant un défilement
plus naturel induit la réflexion sur la condition humaine. Un très beau roman
pour rêver, certes, mais aussi pour ouvrir les yeux sur une société
schizophrénique qui broie sa propre chair sans états d’âme.
Les morts sont sans défense, Philippe Stierlin aux éditions
Arcane 17.
Cette chronique a été diffusée dans l’émission « Un jour,
un livre, un auteur » sur radio Présence Lourdes le 30 mai 2018.
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