lundi 30 septembre 2024

Un agent sous couverture.

 

Madrid, 1975

 

Bonjour Janus, je suppose que pas plus que ne l’a fait votre officier traitant vous ne nous dévoilerez votre identité ?

C’est clair ! Ma mission est peut-être totalement insensée, mais moi je ne suis pas fou. La seule chose que je peux vous dire sans risque c’est que je suis policier, sous-inspecteur pour être précis, et que je suis inscrit à l’université. Je suis donc au milieu de la vingtaine. Mais vous n’aurez aucune autre information pouvant mettre en danger ma mission.

 

C’est très frustrant parce que votre auteur ne vous met jamais en scène de façon directe, tout ce que vous dites ou faites est rapporté par votre agent traitant.

Honnêtement je préfère ça. Je suis un homme de l’ombre, un être qui doit rester invisible. Voir, entendre sans être vu ou entendu. Une sorte de fantôme sans existence palpable. Mon agent traitant Don Ernesto y veille scrupuleusement. Je ne suis pas un agent dormant, c’est-à-dire un agent qui attend qu’on lui donne l’ordre d’agir, je suis un agent passif : je me coule dans l’organisation à surveiller, j’observe ce qui s’y passe, je recueille des informations, je les recoupe pour les vérifier, puis les transmets à mon supérieur. Le jour où nous pourrons démanteler FIERAS, je resterai dans l’ombre. Ce sont d’autres policiers qui agiront, je serai peut-être arrêté moi aussi comme n’importe lequel des membres du groupe terroriste. Ce sera à Don Ernesto de me tirer de là et de me mettre sous protection de témoin. Car en fait je ne suis qu’un témoin consentant.

 

En somme vous avez une double vie, comme les espions.

(Rires) Triple vie en fait. Ces terroristes ont une double vie : vie sociale tout ce qu’il y a de plus ordinaire et vie clandestine. Moi j’ai une vie d’étudiant absolument banale : les cours, mon petit deux-pièces à Tetuán, quelques fêtes, une copine. À côté de ça deux vies clandestines : membre d’un groupe terroriste où il faut se cacher de la police, agent infiltré où il faut se protéger des camaradas. Parfois un peu délicat à concilier, mais je ne vais pas me plaindre.

dimanche 22 septembre 2024

Rencontre d'un officier traitant.

 Nous poursuivons la galerie de personnages avec l'interview de l'inspecteur de première classe Antonio Perez Albán. Sur une idée originale de mon confrère Nick Gardel.


Madrid, 1975

 

Inspecteur, pouvez-vous vous présenter ?

Bien sûr, je suis l’inspecteur de première classe Antonio Perez Albán, j’ai 35 ans. Je travaille au sein de la Brigada Politico social, une des entités de la police espagnole.

 

Quel est le rôle de cette brigade ?

Nous sommes chargés de veiller à la protection de la morale et à la conformité de nos concitoyens aux préceptes de la Nation. Nous nous informons des attitudes et comportements de chacun afin de repérer les éléments subversifs qui nuisent à l’économie et à la santé mentale de l’Espagne. Pour ma part je suis un fonctionnaire du service chargé de la lutte antisubversive.

 

En quoi consiste exactement votre travail ?

Je suis l’officier traitant d’une dizaine d’agents infiltrés dans des organisations clandestines subversives. Grâce à eux je recueille des renseignements, je les évalue et s’il y a besoin d’autres collègues interviennent pour rétablir l’ordre.

 

C’est le cas de Janus ?

Là le cas est un peu différent. Janus est le nom de code d’une opération de démantèlement d’une organisation terroriste : « FIERAS ». Notre agent a pour mission de recueillir le maximum de renseignements pour pouvoir arrêter tous les membres. Pour cela il doit faire profil bas. Vous savez ces types sont très méfiants, à la limite de la paranoïa. Donc la survie de Janus implique qu’il espionne avec le plus de discrétion possible. Mais je ne peux pas vous en dire davantage car nos méthodes et techniques sont totalement secrètes. Vous comprenez, j’espère ?

 

Je suppose que vous ne pouvez pas nous dévoiler l’identité de Janus ?

Oh, que non ! D’abord par principe, nos agents infiltrés ne doivent leur survie qu’à cet anonymat total et leur couverture doit être impérativement étanche. Ensuite parce que moi-même j’ignore sa véritable identité. Nous l’avons sélectionné sur dossier et celui-ci était absolument anonyme. La seule chose que je peux vous dire c’est qu’en plus d’être sous-inspecteur, Janus est un authentique étudiant en droit.

 

C’est quand même étrange cet anonymat pour une Brigade censée tout savoir sur la vie des gens !

(Rires) Le fait que j’ignore l’essentiel sur celui qui joue le rôle de Janus, ne signifie pas que quelque part dans un des autres bureaux de la Réal Casa de Correos, il n’y a pas un dossier détaillant tout sur ce jeune homme… comme sur moi, d’ailleurs. Mais la probabilité que ces données puissent être exhumées est plus qu’infime.

 

Merci inspecteur de première classe !

J’espère vous avoir été utile.

 

mardi 17 septembre 2024

Qui êtes-vous M. Morin ?

 

Pour changer un peu des formats classiques je vous propose l’interview de personnages de mon roman à partir d’une idée de mon excellent confrère Nick Gardel : 

 

Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées, 2015

 

André Morin, tout au long du roman l’auteur vous laisse au deuxième plan, faisant de vous un être énigmatique.

(Rire franc) Pourtant je ne cache rien ! Je suis un universitaire à la retraite qui s’occupe de sa femme et de ses enfants. J’aime faire la cuisine, un peu de sport (natation, marche, golf à l’occasion), lire. J’adore le théâtre, alors tous les mercredis après-midi j’anime un atelier à l’école où vont nos enfants.

 

Dites-nous-en un peu plus sur vous.

J’ai 65 ans, je suis un spécialiste de l’Espagne et des pays hispanophones. Ma thèse portait sur la guerre civile carliste lors de la succession de Ferdinand VII et l’affrontement de deux concepts : d’une part celui d’une monarchie constitutionnelle et d’autre part celui de l’absolutisme protecteur d’une « Espagne Éternelle ». Après une carrière universitaire classique j’ai intégré le ministère des Affaires étrangères en tant que conseiller culturel en Amérique latine.

 

Il semblerait qu’il se passe des choses étranges autour de vous ?

Je crois que mon auteur aime dramatiser les choses. En tous cas moi je n’ai rien perçu de tel. La vie s’écoule tranquillement, peut-être que mes tentatives de briser les routines quotidiennes semblent étranges. Mais il ne s’agit que de pimenter un peu le train-train familial.

 

Même le fait qu’on vous ait vu prendre un autre vol que celui qui était prévu ?

Ah ! (rire franc) Effectivement Marianne m’a dit qu’un de ses collègues pensait m’avoir aperçu me dirigeant vers l’embarquement de Genève. Mais si je vais assez régulièrement à Paris pour y rencontrer Mark Panowski, de la revue Études critiques de l’hispanité à laquelle je collabore ponctuellement comme rewiever (relecteur évaluateur dans les revues scientifiques), je n’ai aucune raison d’aller en Suisse.

 

Pas même pas pour y rencontrer Mark Zellweger, le co-fondateur des éditions Eaux Troubles ?

(Rires) Effectivement Mark est un excellent ami que je connais depuis de nombreuses années, mais il vient si souvent en France pour présenter les romans de sa maison d’édition que j’ai plus de chance de le retrouver à Bagnères ou à Toulouse qu’en Suisse. Par ailleurs il vit à Lausanne et non à Genève…

 


mardi 10 septembre 2024

Un autre personnage principal de mon roman Illusions, aux éditions Arcane 17.

 

Pour changer un peu des formats classiques je vous propose l’interview de personnages de ce roman à partir d’une idée de mon excellent confrère Nick Gardel :

 

Madrid, 1975

 

Camarade Boukharine, qui êtes-vous ?

Un militant politique qui cherche à abattre cette dictature odieuse. Je suis à la tête de l’état-major de FIERAS. Chacun des membres de notre organisation porte un nom de guerre rappelant la glorieuse Révolution d’Octobre.

 

Oui, mais encore ? Nous aimerions en savoir plus sur vous. Votre âge, votre parcours politique, votre légitimité sociale.

Comprenez qu’à cause de la police politique je sois peu disert. J’ai 25 ans, j’ai fait des études supérieures et je suis pleinement engagé dans la vie professionnelle. Quant à savoir dans quel domaine et où, cela restera secret. La sécurité de notre organisation est à ce prix. Je me bats avec mes camarades contre la dictature qui a renversé la République et massacré une large partie de la population espagnole. Nos glorieux anciens qui se sont battus pour libérer la France du joug nazi ont été trahis : aussi bien les Américains que les Européens ont refusé de terminer le nettoyage en balayant Franco et ses salopards. Alors notre génération reprend le flambeau et fera tomber ces fascistes jusqu’au dernier, pour rétablir la République.

 

Vous commettez des attentats, n’est-ce pas une étrange façon de promouvoir la démocratie ?

Tendre l’autre joue ne fait pas partie des pratiques marxistes. Notre peuple est agressé chaque jour, il est méprisé, emprisonné, tué. Alors nous répondons légitimement à la violence par la violence. Alors qu’ils se battaient uniquement avec des mots Gandhi a été tué et Mandela est en prison. Si je dois mourir ce sera les armes à la main ; pour la liberté.

 

Parlez-nous de vos cibles.

Il s’agit systématiquement de responsables de la répression militaire ou civile, ou de spoliateurs qui dépouillent le peuple espagnol des richesses qu’il produit. Notre service de renseignement dirigé par Sorge surveille des cadres du régime, il recense leurs « exploits » au détriment du peuple, définit leurs habitudes, emplois du temps, faiblesses. En fonction du contexte politique et du message que nous voulons porter, notre état-major attribue un nom de code à l’opération de châtiment populaire, il organise aussi l’action militaire. Celle-ci est menée par un des groupes de six soldats sous les ordres de notre camarade Molotov. D’autres fonctions existent bien entendu au sein de notre état-major, mais je ne développerai pas davantage.

 

dimanche 8 septembre 2024

Illusions sera en librairie jeudi prochain 12 septembre.

 



 

Pour changer un peu des formats classiques je vous propose l’interview de personnages de mon nouveau roman Illusions à partir d’une idée de mon excellent confrère Nick Gardel :

 

Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées, 2015

 

Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?

Je m’appelle Marianne Morin. J’ai 40 ans, je suis maitresse de conférences en sociologie à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, à Tarbes. Je suis mariée et j’ai deux enfants : Maxence l’aîné qui a 8 ans et Lise 4 ans. Avec André mon mari, nous habitons à deux pas du Vallon de Salut, un parc paysager qu’affectionnent les bagnérais et les curistes.

 

Dans ce roman votre auteur vous met dans une drôle de situation.

C’est exact. Alors que ma vie auprès d’André était tout ce qu’il y a de plus heureuse, voilà qu’en l’espace de quelques jours tout a changé. Évanouie sa bonne humeur, disparu son détachement. Je l’ai senti préoccupé, sur ses gardes. Et quelques incidents bénins au début, puis plus graves, m’ont amenée à enquêter sur son passé. En cachette bien entendu, et je dois vous avouer que ce n’est vraiment pas facile à assumer.

 

Et qu’avez-vous découvert ?

Ce serait trop long à raconter, il vaut mieux lire le roman ! Mais je peux vous dire que ça a été compliqué, et parfois dangereux. 

 

Illusions est publié aux Éditions Arcane 17, 23€