Madrid, 1975
Bonjour Janus, je suppose que pas plus que ne l’a fait votre officier traitant vous ne nous dévoilerez votre identité ?
C’est clair ! Ma mission est peut-être totalement insensée, mais moi je ne suis pas fou. La seule chose que je peux vous dire sans risque c’est que je suis policier, sous-inspecteur pour être précis, et que je suis inscrit à l’université. Je suis donc au milieu de la vingtaine. Mais vous n’aurez aucune autre information pouvant mettre en danger ma mission.
C’est très frustrant parce que votre auteur ne vous met jamais en scène de façon directe, tout ce que vous dites ou faites est rapporté par votre agent traitant.
Honnêtement je préfère ça. Je suis un homme de l’ombre, un être qui doit rester invisible. Voir, entendre sans être vu ou entendu. Une sorte de fantôme sans existence palpable. Mon agent traitant Don Ernesto y veille scrupuleusement. Je ne suis pas un agent dormant, c’est-à-dire un agent qui attend qu’on lui donne l’ordre d’agir, je suis un agent passif : je me coule dans l’organisation à surveiller, j’observe ce qui s’y passe, je recueille des informations, je les recoupe pour les vérifier, puis les transmets à mon supérieur. Le jour où nous pourrons démanteler FIERAS, je resterai dans l’ombre. Ce sont d’autres policiers qui agiront, je serai peut-être arrêté moi aussi comme n’importe lequel des membres du groupe terroriste. Ce sera à Don Ernesto de me tirer de là et de me mettre sous protection de témoin. Car en fait je ne suis qu’un témoin consentant.
En somme vous avez une double vie, comme les espions.
(Rires) Triple vie en fait. Ces terroristes ont une double vie : vie sociale tout ce qu’il y a de plus ordinaire et vie clandestine. Moi j’ai une vie d’étudiant absolument banale : les cours, mon petit deux-pièces à Tetuán, quelques fêtes, une copine. À côté de ça deux vies clandestines : membre d’un groupe terroriste où il faut se cacher de la police, agent infiltré où il faut se protéger des camaradas. Parfois un peu délicat à concilier, mais je ne vais pas me plaindre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire