mercredi 10 décembre 2014

Un dimanche de décembre a Lunéville.

La veille les services météorologique avaient annoncé de la neige, pourtant au réveil le bleu du ciel le disputait à quelques nuages bas. L'air frais, lui-même, laissait percer une légère note de tiédeur inattendue. L'autoroute était peu fréquentée. Dame ! Un dimanche matin d'hiver aux aurores les gens normaux sont encore au lit. Les rues de Lunéville sont désertes. Quelques quidam matinaux patientent à la porte du Monoprix encore fermé. De l'autre côté de la place Léopold règne une activité anormale. Des voitures s'arrêtent, les conducteurs se saisissent de cartons dans les coffres avant de s'engouffrer sous un porche monumental. Puis, quelques minutes plus tard ils en ressortent avant de s'échapper rapidement vers le parking voisin. Si vous êtes curieux, vous constaterez qu'après le porche un escalier monumental vous accueille, les marches bordées de part et d'autre par de nombreux portraits. L'empruntant vous arriverez au premier étage où le grand salon d'honneur se pare de longues tables tendues de bleu ou de rouge.

Là, les organisateurs vous prennent en charge chaleureusement pour vous diriger vers l'emplacement surmonté de votre photo. Alors, fébrilement, vous déballez vos ouvrages, tentant avec plus ou moins de bonheur de les mettre en valeur. Rapidement, vous voilà entouré d'autres personnages aussi impressionnés que vous. Parce que vous êtes arrivé tôt, vous trompez l'attente des premiers visiteurs en entamant la conversation avec ces voisins immédiats. Mais, vous pouvez aussi rejoindre le bar où une organisatrice vous propose aimablement du café ou du thé, accompagné de viennoiseries au fumet alléchant. Là encore, d'autres inconnus, en majorité aussi intimidés que vous, entament la conversation comme un rituel immuable destiné à briser la solitude réciproque. L'heure tourne, la grande galerie se prépare pour les premiers visiteurs qui ne vont pas tarder à arpenter les allées désormais bruyantes.

Ce matin-là il y a moins de monde que d'habitude. Cependant, les chalands sont plus curieux et rapidement les apartés se concluent en signatures, au grand dam de mes deux voisins immédiats. Comme souvent, le public arrive par vagues. Telle une marée terrestre il glisse entre les tables, en groupes denses dont le sillage se raréfie. Ces masses compactes tournent d'une travée à l'autre, avançant plus ou moins vite. Parfois, un ressac soudain produit une petite cohue, quand deux ou trois individus, captés par une couverture ou un titre s'arrêtent, reviennent en arrière pour mieux voir. Sinon, cette marée abandonne chemin faisant une laisse composée de quelques personnages qui se fixent à une table pour longuement admirer, soupeser, caresser des livres qui les ont attirés.

Autre rituel se déroulant presqu'en fin de matinée : la visite des officiels. Benoit, le président du Cercle Léopold organisateur du salon, accompagne maire, président de communauté de communes et sous-préfète d'un auteur a l'autre pour bien détailler les mérites de chacun. Poignées de main protocolaires, sourires de circonstances et, parfois ici ou là, l'éclat inattendu d'une rencontre dans les yeux de l'un ou l'autre des officiels. Complicité face à un titre, étonnement d'une couverture ou simplement sympathie spontanée que soulignent la poignée de main qui se prolonge, le regard rieur qui s'attarde.

Après le repas, retour à la table de signature. Là, c'est plus calme. Les seules personnes qui errent dans les allées du Salon sont des auteurs qui ont déjeuné et font preuve de curiosité vis-à-vis d'autres confrères. Par la haute fenêtre dans mon dos quelques rayons de soleil paresseux viennent se poser sur mon épaule. La douceur ambiante et la digestion me plongent dans une somnolence béate. C'est l'heure de la sieste, yeux ouverts mon esprit erre bercé par le bavardage primesautier de Nicole ma voisine et d'Isabelle à ses côtés.
Soudain, le niveau sonore monte un peu, troublant ma sieste. Voici venir les visiteurs de l'après midi. Lentement une foule bruyante envahit les allées. Certains passent en trombe, tandis que d'autres prennent le temps de s'arrêter pour parler avec les auteurs. Quelques enfants s'approchent, curieux, fixant avec perplexité le Maine-Coon en couverture d'un roman. La foule est un peu plus dense que le matin, cependant de grands vides dépeuplent l'espace à certains moments.

La journée touche à sa fin. Peu à peu l'affluence se raréfie, le ciel s'assombrit graduellement. La nuit ne va pas tarder à tomber. Les grands lustres jettent une lumière jaune dans le vaste salon. Quelques exposants plient déjà bagage, tandis qu'une légère fébrilité s'empare de l'assistance restante. Ce sera bientôt l'heure de la proclamation des prix. Nous nous regardons supputant les chances des uns et des autres d'être l'heureux lauréat. Le président bat le rappel, la troupe des bénévoles sans qui cette manifestation ne pourrait se tenir se presse sur la petite scène. Discours officiels, remerciements aux une et aux autres. La traditionnelle litanie s'égrène lentement. Ici ou là, des auteurs cachent mal leur nervosité par de fréquents changements de posture. Voici enfin l'annonce des résultats des délibérations : Prix de la ville de Lunéville à Marie-France Beitscher, Prix de la Médiathèque de l'Orangerie à Pierre Stolze, Prix Leopold du roman policier à l'auteur de ces lignes. D'abord l'étonnement, ensuite la joie immense de voir reconnaître le travail de cette année littéraire, enfin la fierté d'être distingué parmi les nombreux auteurs talentueux présents.
La journée s'achève sur le vague souvenir du pot de clôture, tout emmêlé de sentiments confus. Juste cette impression de cohue sympathique autour des trois auteurs primés, et le bonheur partagé avec d'autres auteurs concurrents ou non d'un moment clé dans sa vie. Je quitte enfin cette assemblée joyeuse avec la conscience aiguë que ce prix n'est pas un aboutissement, mais le signe qu'il me faut redoubler de travail et de rigueur pour ne pas cesser d'en être digne.


mardi 9 décembre 2014

L'énigme de la rue des Brice primé

Extraordinaire surprise dimanche à Lunéville où je dédicaçais "L'énigme de la rue des Brice" lors du Salon Lunélivre. Mon dernier roman a obtenu le Prix Léopold, qui récompense les romans policiers. Grande émotion, ainsi qu'un énorme bonheur de cette reconnaissance du travail réalisé. Pour autant, j'ai pleinement conscience de la responsabilité de ne pas décevoir mes lecteurs pour les prochains romans. Un nouveau challenge, et non une chose acquise. Cela me donne d'autant plus d'ardeur dans le travail d'écriture du nouveau "Commissaire Ney" en cours.
Un grand merci au Jury de Lunélivre, mais aussi à mes fidèles lectrices/eurs.

Je posterai un peu plus tard dans la semaine un petit billet d'ambiance sur cette manifestation.

lundi 1 décembre 2014

Quelques signatures

Je serai dimanche 7 décembre au Salon des Halles, Place Léopold à Lunéville de 10h à 19h pour l'édition 2014 de Lunélivre, consacré cette anéne encore au roman policier.
J'espère y voir nombreux mes amis lorrains.

Je serai aussi le vendredi 12 décembre à l'Espace Culturel E. Leclerc du Centre Commercial Méridien à Ibos à côté de Tarbes, pour une signature entre 15 h et 19 h. Là ce sont mes amis pyrénéens qui sont les bienvenus.

À très bientôt.

lundi 17 novembre 2014

Coup de cœur de lecteur 1

-->Le cri du Toucan  par Sylvie Etche

On dit souvent que la réalité dépasse la fiction, mais il est toujours difficile de transformer une histoire vraie en roman. C’est ce pari qu’a fait Sylvie Etche, et ce pari est réussi.
Au début cela ressemble à l’histoire banale d’une amitié inattendue, qui va vite se transformer en une sorte de passion (dans le double sens du terme) « amoureuse ». Amitié inattendue parce que Louison est un être renfermé et « asocial » tandis que Sylvie, la narratrice est timide. A priori, rien ne destinait ces deux femmes à une relation si intense et … douloureuse. Dans un contexte banal - la vie quotidienne d’un centre d’équitation qui se concrétise, les coups de main de bénévoles pour donner vie à un projet sans le sou, les plaisirs découverts par les uns ou les autres, les coups de gueule inévitables dans toute situation de groupe – l’auteur va progressivement immerger le lecteur dans une sorte de thriller prenant, qu’il est difficile de quitter avant la dernière page.
Et c’est là tout le talent de Sylvie Etche, brosser de façon pointilliste, méticuleuse, le déroulement d’un processus qui derrière sa banalité apparente se structure en une tragédie. Son écriture simple et limpide produit, sans avoir l’air d’y toucher, une tension dramatique qui ne cesse de croître jusqu’à l’acmé finale. En une progression inexorable, se dessine un chemin de croix pour le petit groupe de personnages. Certains souffrent plus que d’autres, mais tous sont d’une façon ou d’une autre engagés dans cette « passion » au sens douloureux du terme. La force du récit est aussi dans cette objectivation du rôle de chacun dans cette histoire. Loin d’une rancœur délétère, l’auteur donne à voir la souffrance de chacun. Et même le personnage le plus violemment destructeur, parce que pathétique dans ses actes suicidaires, suscite une compassion navrée du lecteur.
Un très beau livre qui, au-delà de sa contextualité, nous parle de sentiments et de comportements humains universels. En cela, il est plus qu’un simple témoignage. Il est une vraie œuvre littéraire.
 Le cri du Toucan par Sylvie Etche vient de paraître chez Edilivre.

lundi 27 octobre 2014

Pour Ténor

-->
Tu circules majestueusement, contrôlant que rien n’a été dérangé dans notre espace. Ta silhouette élancée, dont on devine la musculature puissante sous ta robe seal point se meut avec souplesse. Tu avances, regardant vers ta cible. Je suis assis, à mon bureau, ou peut-être sur un des fauteuils du séjour. Tu passes, jetant un œil scrutateur sur les environs. Ton regard glisse sur moi sans réaction. Tu avances encore d’un pas, puis le mouvement suspendu, tu tournes encore tes yeux d’un bleu si profond dans ma direction, et soudain ton regard s’illumine comme si tu ne m’avais pas déjà vu. Comme si j’avais été absent depuis des jours, alors que je n’ai pas bougé de cette place depuis des dizaines de minutes. Tu as l’air de découvrir ma présence et exprimes une joie sans limite. Tu bifurques. Tu marches vers moi ainsi qu’on va vers un ami depuis longtemps perdu de vue. C’est tout toi, cette comédie espiègle. Alors que les chats sont des êtres sérieux, sans beaucoup de sens de l’humour (ou du moins sauf s’il concerne quelqu’un d’autre), toi tu es facétieux. Il y a quelques jours j’ai retrouvé cette photo où, sur le lit avec Diva alors que vous n’aviez que six ou sept mois, tu sortais d’une boîte de pâtisserie et tournais ta tête étonnée vers le photographe. Tu avais l’air si fier de ta blague. Elle est là, posée contre l’écran de l’ordinateur pendant que j’écris ces lignes.
Autre flash. C’est fin mars, je devais accompagner mon neveu chez le garagiste. Un samedi comme tant d’autres, où je sortais faire quelques emplettes puis revenais avec vous profiter du soleil généreux sur le balcon. Mais, ce jour-là ne fut pas comme les autres. Je ne suis revenu que très tard. La nuit commençait à tomber. Contrairement à vos habitudes vous m’attendiez derrière la porte, groupés, sans une plainte. Sans la moindre hésitation vous aviez compris que quelque chose de terrible était arrivé. Lorsque je me suis effondré sur le fauteuil pour pleurer, tu t’es approché. Tu as posé ta patte sur ma jambe, sauté sur mes genoux, tu as cherché ma main et serré fort tes griffes sur mon index. « Je suis là ! Je te soutiens ! ». Ce jour là ton regard profond et énigmatique me parlait de la mort, de la sérénité face à la mort. Savais-tu, déjà, que six mois plus tard, jour pour jour, tu suivrais mon beau-frère dans des circonstances presqu’identiques ? Les chats voient et comprennent des choses inaccessibles aux pauvres humains.
En onze ans, il ne s’est pas passé une heure où, si j’étais présent, tu ne te sois pas posé à côté de moi. Mon spoutnik, c’est le surnom que je t’avais donné. Assis hiératique près de ma chaise pendant que je prenais mon petit déjeuner, lové sur mes genoux lorsque je lisais ou corrigeais des écrits, allongé de tout ton long contre le clavier lorsque j’écrivais. Ou simplement collé contre ma poitrine lorsque je me glissais sous la couette pour la nuit. Tu poussais ta tête vers moi, réclamant des bisous. Tu te serrais encore plus fort en ronronnant, et t’endormais en poussant de petits borborygmes. À ces moment-là je te soupçonnais de rêver que tu étais humain et que tu discourrais avec moi de Heidegger ou, plus romantique, que tu chantais Parsifal sur une scène lyrique.
Tu as été un emmerdeur qui ne me lâchait pas, mais dont aujourd’hui je pleure - comme un enfant abandonné – l’absence abyssale. Avec le recul, je soupçonne ton envahissant besoin de ne pas perdre une seule seconde de notre présence mutuelle de n’être que la conscience aiguë de la brièveté de notre relation. Et de l’immense galaxie de ce que nous avions à échanger. Tu étais un sage. Parfois, je te surprenais dans une pause alanguie mais, si j’approchais, je voyais que tu ne dormais pas. Les yeux grands ouverts tu semblais méditer. Le regard perdu vers des lieux qui m’étaient inaccessibles, ta pensée déroulait je ne sais quelle cogitation métaphysique. À cet instant, posant sur moi tes yeux bleus tu semblais m’interroger silencieusement comme le maître le fait avec le disciple. Et, sans savoir pourquoi, je me trouvais envahi d’une nostalgie insondable. 
Dorénavant, je regarderai seul les tirs d’Ariane, de Soyouz ou de Dragon. Tu ne seras plus là, assis sur le bureau, adossé tendrement contre ma poitrine à fixer d’un œil distrait le pas de tir où tout est immobile. Tu ne te dresseras plus lorsque, soudain, jaillit le grondement des moteurs, que s’élève la colonne de vapeur mêlée de flammes canalisée par les carnaux de chaque côté de la table de tir. Tu ne te concentreras plus sur cette drôle de forme qui s’élève lentement traînant une longue flamme éblouissante dans son sillage. Tu étais si curieux de tout. Des fusées, comme de Gun n’Roses.
Aujourd’hui je me raccroche à ces photos du passé. Lorsque couché en face de moi tu sembles me conseiller sur la manière d’agencer la nappe de câbles électriques que j’ai en main. Ou cette autre, penché à mes côtés sur un plan tu parais discuter d’égal à égal avec moi. Je m’y raccroche pour oublier cette nuit terrible où ta petite flamme s’est soudain mise à vaciller, avant de s’éteindre. Pour oublier la maladie qui t’a rongé de l’intérieur, lentement ; chaque jour davantage. De cette période je ne veux conserver que le courage stoïque que tu affichais. Ta volonté de vivre et ta sociabilité avec les vétos qui s’escrimaient à lutter avec toi. Aujourd’hui, malgré la douleur, malgré le chagrin qui me submerge, tu es encore là. Au fond de mon cœur. Et tu y resteras jusqu’à ce qu’il cesse de battre.

vendredi 25 juillet 2014

Un cap solitaire

La route s'élève entre la pinède à droite et le béton hôtelier à gauche. Un coude ouvre la perspective sur la mer et le fond du golfe. Ici quelques blocs calcaires rectangulaires ou carrés offrent une pause sympathique au promeneur un peu essoufflé. S'éloignant de la route, un éperon rocheux se glisse vers l'eau, hérissé de pins penchés dans la même direction, vraisemblablement sous l'effet du vent dominant. Si l'envie vous en prend, avancez sous les frondaisons ; vous arriverez rapidement à une sorte d'arche constituée d'un tronc tordu et retordu, blanchi par le sel.  A partir de là, la roche nue s'avance vers la mer, rostre immaculé assailli par les vagues poussées par le vent. Hors du couvert des arbres la chaleur coule du ciel comme du plomb fondu, tandis que des ondes brûlantes remontent votre corps depuis les rochers à l'instar d'une sole de four. Face à vous, la mer étale scintille tel du mercure frissonnant sous l'éclat aveuglant du soleil au zénith. De temps à autre, une ombre adoucit la morsure visuelle, c'est un bateau glissant paresseusement sur les flots calmes, ses grandes voiles faseyant mollement sous une brise amorphe. De part et d'autre de la pointe vous parviennent les cris et rires joyeux d'enfants s'ébrouant au large des plages de sable fin qu'enserrent des rochers solitaires. 

Plus tard, alors que le soleil décline vers l'horizon, la surface de l'eau prend une teinte bleue profonde. La brise marine se lève chargée d'odeurs d'iode et de varech qu'elle échangera bientôt contre les senteurs lourdes des acacias et des camélias qui bordent les larges avenues. La mer, lisse tout à l'heure, se couvre de larges traces d'écume qui convergent sans hâte vers la terre ferme. Lentement, le disque solaire descend vers l'horizon qu'il incendie. De rares nuages se détachent plus sombres sur l'abondance de rouge qui envahit l'espace occidental. Le dégradé se dilue insensiblement vers l'azur intense de la voûte céleste. Voici enfin l'heure bleue qui s'étend. La ligne déchiquetée des promontoires qui ceignent la baie se détache en ombre chinoise sur l'éclat cristallin du crépuscule. Le ciel s'approfondit en une transparence lumineuse sur laquelle percent étrangement les premières étoiles. Progressivement, les stridulations des cigales s'éteignent une à une, remplacées par des gazouillis timides. La clarté s'estompe, les bruits de la nature suivent son exemple. Finalement, seul brise le silence le fragile battement d'aile de quelque chauve-souris en quête de nourriture. 
Et, tandis que les ténèbres s'épaississent, mêlant en une seule masse la terre et la mer, la surface des flots résiste en émettant une faible phosphorescence qui marque la crête des vaguelettes. Elle ira s'estompant au fur et à mesure que la brise marine mollira. Lorsque la nuit profonde aura vaincu le jour, la lune seule creusera les formes du promontoire et la séparation d'avec Mare Nostrum

jeudi 24 juillet 2014

Babel hôtel.

Il est à peine dix heures. Le vaste hall de l'hôtel grouille d'une foule bigarrée. Il y a ceux qui sortent de la salle à manger après un copieux petit déjeuner, croisant les retardataires qui espèrent être encore accueillis. Il y a les familles qui se dirigent d'un pas décidé vers la plage en contrebas, puis ceux qui attendent patiemment dans la partie salon du hall que les bus viennent les chercher pour retourner chez eux. Les valises s'amoncellent un peu partout, valises en partance, bagages frais débarqués de l'autre bout du monde. Tout ce petit monde crée une agitation cosmopolite, d'où émergent des conversations polyglottes. Des enfants se coursent en criant, tandis que d'autres se pressent timidement aux basques de parents dépassés. Ce hall est à l'image du monde, plein de bruit, d'agitation, de confusion. 

Il est dix heures. Derrière leur comptoir les employés écoutent avec le sourire las de ceux qui savent qu'ils auront à répéter dix fois, cent fois les mêmes renseignements, jonglant du castillan à l'anglais, de l'allemand au russe. Ils vont, ils viennent, s'escriment avec les claviers, les lecteurs. Observés de loin, ils semblent danser une improbable chorégraphie au son de la cacophonie ambiante. Le fond bleu gris constituant un décor sur lequel ils se détachent, brouillés par l'incessant va et vient des silhouettes de clients anonymes.

Il est dix heures. Pourtant, la petite place devant l'hôtel est inondée de lumière et de chaleur. De temps à autre un bus s'installe au soleil cru, déversant son flot d'arrivants ou ingurgitant des groupes bronzés. A côté d'eux, la noria de camionnettes de livraison décharge ses palettes de fruits, légumes ou caisses isothermes que l'on imagine chargées de poisson ou de quartiers de viande. Les chauffeurs s'invectivent ironiquement, tout en faisant jouer les hayons en un vrombissement électrique, tandis que s'y mêlent les "bip ! bip !" aigus des alarmes de recul de ceux qui abandonnent la place. 

Il est dix heures dix. Assis dans un des fauteuils du hall, vous êtes tiré de votre rêverie par un silence soudain. L'immense espace est désormais vide, la place désertée. Seule subsiste la chaleur extérieure que l'on perçoit, malgré la climatisation, comme un halo fantomatique qui vient caresser votre front. Dans un coin, les vendeurs de bijoux, faussement artisanaux, plient bagage, rangeant les étuis soyeux dans de grandes valises. Plus tard, en fin d'après-midi ils déploieront à nouveau leur étal, rapidement entouré d'une foule de touristes slaves, plus ou moins dupes de la qualité des produits. Mais, les vacances ne sont-elles pas l'occasion de rêver, même si au fond de soi on sait que ce n'est qu'un rêve ?

Quittons maintenant ce lieu déserté. Nos pas nous mènent vers la terrasse en contrebas, que prolonge la plage de sable fin où viennent battre les vagues indolentes de la Grande Bleue. Des touts petits s'ébrouent dans la grande piscine sous l'œil de quelques adultes songeurs. Les transats du solarium s'étalent en une marée multicolore sous les serviettes de bain. Par ci, par là des corps d'un rouge écrevisse poursuivent leur cuisson lente sur l'un des bains de soleil. Un peu à l'écart, des tables s'abritent sous les branches touffues des épicéas qui égaient la terrasse. Quelques consommateurs lisent ou observent l'activité ludique, un verre de sangria couvert de buée devant eux. Ici, la chaleur est largement tempérée par la brise légère qui vient du large. Le temps semble suspendu, chacun plonge dans une attente tranquille. Je ferme les yeux et, bercé par les sonorités de la langue russe autour de moi, me retrouve dans l'ambiance statique et déchirée d'une pièce d'Anton Tchekov.

mercredi 23 juillet 2014

Reus entre modernisme et tradition

Plaça Prim, rectangle inondé de soleil malgré l'heure matinale. Seuls quelques bancs bénéficient de  l'ombre des arbres. Ils accueillent des groupes de deux ou trois vieux, leurs sacs de courses posés devant eux. Pause entre les épiceries et leurs domiciles, mais surtout prétexte à des rencontres et bavardages rituels. Un panneau lumineux affiche 27 degrés sur l'une des façades de la place. Une terrasse de café, presque désertée, s'étale en prolongement du théâtre. Les passants, rares, se glissent de recoins d'ombre en arcade fraîche. Il y a une ambiance de nonchalance étudiée, que tente vainement de briser la statue équestre du général Prim, sabre au clair en un geste impérieux, que semble dénier un visage las.

Au coin de la belle place s'ouvre la carrer San Joan, bordée d'immeubles modernistes, hommage d'architectes conquis à leur maître Gaudi, autre enfant célèbre de la cité. La proximité de l'air marin et la longue misère de la dictature franquiste ont rongé nombre de façades. La splendeur des années dix à vingt du siècle précédent disparaît sous une couche grisâtre. Malgré tout, son souvenir, plus que vivace, pose une ambiance d'indicible nostalgie. Pour le promeneur subjugué, le regard hésite sur l'endroit où se poser. Que ce soit à gauche ou à droite de la chaussée, les belles maisons se disputent l'espace, leur beauté rehaussée par de rares demeures aux lignes plus quelconques. Ici aussi le soleil éclabousse généreusement la longue rue presque rectiligne. A intervalles réguliers s'ouvrent des  ruelles plongées, elles, dans la pénombre. Elles sont juste assez larges pour laisser passer les camionnettes de livreurs qui ravitaillent les commerces qui s'y cachent. Empruntons en une ; de minuscules devantures béent à même la chaussée pavée. Ici, une échoppe de vêtements, là un boyau étroit encombré de cagettes de fruits et légumes où deux petits vieux discutent avec animation. Partout, des chaises devant les vitrines attendent patiemment un passant fatigué. Plus loin, une minuscule terrasse dévore toute la place disponible. Entrons pour éviter la chaleur lourde qui règne partout. A l'intérieur, la climatisation ronronne doucement, seule entorse à la modernité. Le comptoir date d'une époque certainement lointaine, les murs sont peints de couleurs vives maintenant un peu défraîchies. Une odeur, depuis longtemps enfouie dans la mémoire, flotte dans l'air. Un mélange de poisson frit, d'oignon émincé que rehausse une lointaine pointe acide de vinaigre. Le patron vous apporte une caña bien fraîche accompagnée d'une petite assiette de friture dorée. Vous dégustez lentement, essuyant vos doigts poisseux sur une de ces serviettes fines qu'on ne trouve qu'en Espagne. Substitut de madeleine plus rustique, plus prolétaire, mais tout aussi porteuse d'accents nostalgiques.

Prenons maintenant, la carrer Monterols. L'animation y est plus importante, les boutiques plus grandes. Vous retrouvez sans surprise les marques mille fois vues ailleurs. Ces marques qui de Londres à Moscou, de New-York a Djakarta font se ressembler tous les centre ville. L'artère est plus large, ignorant les voiles déployées au-dessus des passants la lumière inonde les pavés et les devantures. On aboutit rapidement sur la plaça Marcadal, entourée elle aussi de maisons aux façades modernistes. Malgré les colonnades copiant les structures du Moyen-Âge, malgré l'oriel aux meneaux chantournés, l'œil reconnaît sans difficulté l'ampleur contemporaine des ouvertures, la qualité des matériaux, le grain spécifique des volutes moulées et non sculptées à même la pierre. La rue se poursuit, semblable aux milliers de rues déjà arpentées de par le monde. Soudain, l'ouverture sur la gauche découvre les pierres nues du prioral San  Pere. Le porche vous accueille dans une nef d'une grande simplicité. Comparé à d'autres églises visitées dans les environs, celle-ci est presque austère. Cependant, les chapelles qui ceignent la nef centrale sont plus rutilantes, s'abandonnent plus volontiers au charme du baroque. Dehors, la lumière brûle les yeux après la douce pénombre recueillie du monument.

Faisant le tour on emprunte d'autres ruelles exiguës qui traversent le quartier blotti contre l'église médiévale. La encore des odeurs d'ail, de piment et d'épices transportent le voyageur dans des contrées orientales. Comme dans l'antiquité ou l'époque médiévale, nous ressentons combien la présence têtue de la mer commune, loin de séparer construit un pont par-dessus les siècles et les distances. C'est dans ce coin de terre fertile que l'on restent avec plus d'acuité, combien la méditerranée mérite son nom de Mare Nostrum.

mardi 22 juillet 2014

Tarraco la méditerranéenne

Premières impressions. Muraille rose qui s'incurve au pied de l'éperon rocheux. Balcon d'asphalte qui le toise, avant de filer en une ligne serpentine le long des vestiges du mur d'enceinte de l'ancienne colonie romaine. Tarraco se dérobe a nos regards. La longue avenue écrasée de soleil que nous reprenons, après avoir visité l'amphithéâtre dont ne subsistent que des ruines imposantes, suit le tracé des murailles romaines sur lesquelles se haussent hardiment des immeubles de toutes époques. Soudain, la route vire à droite et plonge vers la mer entre deux murs de verdure. Cactus, palmiers, bouquets de camélias, bosquets de roses multicolores construisent des écrins rafraîchissants à de superbes villas. Depuis la route, nous les voyons défiler sans parvenir à définir, de façon certaine, leur style. Façades chaulées d'ocre, impostes ouvragées, encadrements de fenêtres de calcaire blanc ouvragé, portes massives festonnées de fer forgé. S'agit-il de maisons moyenâgeuses parvenues jusqu'à nous ou de folies d'architectes émules de Violet-Leduc ? Les volets occultent les vantaux, cherchant à procurer un minimum de fraîcheur a l'intérieur des demeures. La chaleur est torride, l'atmosphère pesante semble figer toute chose pour l'éternité. L'immobilité est quasi totale, le silence profond n'est troublé que par le crissement entêtant des cigales, ou rarement par le vrombissement rapide d'une abeille égarée. Seul le mouvement ondoyant de l'air anime la scène qui s'offre à nos regards.  

Ailleurs, dans la Tarragone d'aujourd'hui. Longue rambla qui trace son sillon rectiligne entre les immeubles modernistes. L'agitation classique d'une ville, cohorte de voitures et scooter qui se disputent la chaussée et, à peine un mètre plus loin, piétons pressés qui slaloment adroitement parmi les touristes nonchalants. Au centre de la trouée minérale, modérant son aridité fonctionnelle, se coule un terreplein herbeux ponctué d'arbres ombreux. Étrangement, ce havre de fraîcheur est quasiment abandonné aux pigeons et passereaux. Les rares kiosques qui s'y dressent affichent la mine triste des commerçants qui guettent le chaland. La monotonie de la tranchée urbaine cesse soudain en un éblouissement fulgurant. L'air de rien, votre pas las vous a mené jusqu'aux quelques marches qui closent la rambla. Elles débouchent sur une plateforme totalement dégagée : la porte de la Méditerranée. Émerveillé, vous découvrez un panorama où se perd votre regard. Le bleu intense de la mer vous engloutit, jusqu'à l'horizon ce n'est qu'une surface étale, d'un bleu inexprimable qui vous émeut. Au-delà s'étirent les masses brisées de la Costa Daurada. Si vous avez la patience d'observer le tapis bleu à vos pieds vous découvrirez, alors, que de larges taches turquoise s'étirent, dessinant des formes étranges au sein de la masse liquide.

 Autre moment, plus haut, retour au passé. Entre le fer à cheval de fortifications obsolètes se love la ville médiévale dominée par la silhouette imposante de la cathédrale. A quelques pas s'élève le palais archiépiscopal, riche bâtisse témoignant de la puissance des seigneurs archevêques, alliés sourcilleux des rois d'Aragon et de Catalogne. A un jet de pierre s'ouvre le riche portail du collège épiscopal qui souligne qu'à côté du pouvoir spirituel et temporel, les archevêques détiennent aussi celui du savoir. Époque rude d'affrontements multiples, époque paradoxale aussi où Princes chrétiens et Émirs musulmans se font la guerre, tout en s'échangeant leurs érudits les plus éminents. Adossé à la cathédrale, le cloître des chanoines est un havre floral. Entre les trois vastes édifices et la vella rambla s'étirent paresseusement des dizaines de ruelles étroites, que les hautes façades plongent dans l'ombre bienfaisante. Le voyageur pourra s'y perdre au gré de ses humeurs. On imagine sans peine, que les immeubles récents ont à peine modifié l'architecture initiale des insulae antiques : murs de petites briques en terre glaise cuite au soleil, minuscules fenêtres aux persiennes de roseaux, fils d'étendage chargés de linge entre des potences rouillées. Même les couleurs des murs semblent remonter à l'antiquité tant les tons pastels paraissent délavés. Il flotte des odeurs de cuisine, où l'ail le dispute au poivron. Parfois, la pénombre rafraîchissante est trouée par la torride clarté d'une place pavée, d'où émergent des vestiges romains. Ici, les passants rasent les murs à la recherche d'une trace d'ombre. Mais, en général les ruelles s'achèvent sur l'îlot décalé d'une rue transversale.

Voilà que la journée s'achève, les chaises fleurissent aux portes des maisons, des vieux édentés s'interpellent d'un côté à l'autre de la rue. La nuit tombe doucement, l'odeur d'anis emplit l'air vespéral... Il est temps de partir, une étrange nostalgie au fond du cœur.

dimanche 29 juin 2014

Les Jardins du Palais Royal

-->
Un après-midi de fin juin, la chaleur est étouffante comme souvent en cette période de début d’été. Bien que la météo ait annoncé 22 degrés, il est fort probable que les thermomètres disséminés aux quatre coins de la capitale affichent plus de 30. Pas un souffle ne vient égaliser la température de l’air. Le passant désœuvré erre d’îlots de fraicheur éphémère en puits de chaleur insoutenable, au gré de ses rencontres avec une porte cochère largement ouverte sur l’ombre salvatrice d’un hall d’immeuble haussmannien ou d’un coin d’asphalte sur lequel se déversent les implacables rayons du soleil estival. Sur les larges artères le flot de véhicules s’écoule avec lenteur, cédant le passage à des grappes de touristes harassés. Les trottoirs pullulent de silhouettes aux déplacements apparemment chaotiques, foule anonyme dont les individus aux regards morts se croisent, s’évitent, par on ne sait quel miracle. L’agitation normale d’une capitale se développe ici sous les yeux du visiteur curieux. Les avenues s’étirent à perte de vue, leurs perspectives closes par une brume de chaleur qui s’étale tel un rideau d’un gris azur délavé. Les façades s’élèvent comme des falaises inaccessibles. Une partie d’entre elles seulement portent les marques caractéristiques du XIXème siècle triomphant, les autres soulignent le talent de Gilles Marie Oppenord ou Victor Louis. Mais toutes surplombent hiératiquement la cohue mêlée de voitures et de piétons affairés. Ici ou là, s’ouvre un boyau d’où émane une fraicheur revigorante. Si, d’aventure, l’envie vous prend d’y pénétrer vous découvrez alors – au bout d’un parcours sinueux au cœur des immeubles – la longue esplanade verdoyante d’un jardin.

Passés les premiers mètres du boyau, le contraste est saisissant entre le continuel bruit de fond de la ville et le silence profond qui lentement enveloppe l’explorateur curieux. S’il s’enhardi a poursuivre sa marche, il atteindra une longue colonnade qui ceint les quatre côtés d’une vaste cour. S’offre à lui, alors, le choix de musarder au long des échoppes pluri-centenaires qui de devantures surannées où le temps semble s’être figé définitivement, en vitrines austères rehaussant l’exposition de produits d’avant garde engourdissent son esprit, en une hypnose étrange. Alors que quelques rues – siècles ? – plus loin s’étale un luxe tapageur ; ici la stase temporelle amortit la rupture et permet de glisser sans angoisse entre des créations passées d’âge ou franchement innovantes. Osez pousser la porte de ce cabinet sombre, aux tons surlignés de rose et de bleu que rehaussent des soleils et des lunes désuets. Vous serez accueillis par les fragrances musquées de parfums introuvables ailleurs. Les comptoirs de bois ouvragé ceignent la salle, des miroirs tâchés par les ans renvoient l’image incertaine d’étagères et de semainiers mystérieux, tandis qu’une femme à l’âge indiscernable chuchote des secrets inavouables au couple médusé qui vous a précédé. Vous patientez. Lorsqu’enfin le couple quitte l’échoppe l’angoisse vous étreint brièvement, jusqu’à ce que votre hôtesse de sa voix susurrante vous subjugue à votre tour.

Plus tard, vous prenez place sur l’un des bancs à la couleur verte si familière. Là, sous la double rangée de tilleuls, vous vous abandonnez à une fausse somnolence. Les yeux mi-clos vous percevez distinctement le gargouillis liquide du jet qui égaye le bassin central. À votre droite quelques joueurs de boules discutent doctement du comportement de leurs projectiles. Plus près, presqu’en face, une maman converse à mi-voix avec deux enfants qui jouent à ses côtés. Plus loin, la conversation polyglotte des nurses en uniforme bleu et blanc s’émaille de remarques suaves vis-à-vis des gamins dont elles assurent la garde. L’air bruisse de quelques insectes, dont la présence semble saugrenue en plein cœur de Paris. Les senteurs lourdes des tilleuls et des jasmins vous assaillent par moments, charriées par quelque saute de vent mutin. Tout est calme. Une douceur étonnante s’insinue en vous. Sans que vous y preniez garde, la saveur nostalgique d’une enfance échappée vous submerge. Des bribes de sentiments béats traversent vôtre âme. Sans prévenir, le goût de la madeleine vous terrasse aussi. Le cœur au bord de l’effondrement, on resterait là, désormais. Plongé voluptueusement dans ces faux souvenirs d’une époque insouciante. Et les larmes viennent aux yeux en constatant que le temps du bonheur est bel et bien révolu.

lundi 24 février 2014

L'énigme de la rue des Brice 2


Août 2003, Nancy est paralysée par la canicule. La découverte fortuite d’un cadavre au fond de la Meurthe, va relancer la vieille enquête et donner raison à Ney. Avec une équipe réduite au minimum pour cause de vacances, le commissaire va néanmoins reprendre la piste et patiemment débusquer de nouveaux éléments. Mais tout est fragile, car quels indices résistent six ans ? Parviendra-t-il à résoudre l’énigme ?

La troisième enquête du commissaire Ney est disponible à partir d’aujourd’hui. 




dimanche 23 février 2014

L'énigme de la rue des Brice


Mai 1997, la disparition soudaine de la famille Lamotte plonge le commissaire Ney et ses enquêteurs dans la perplexité. Qu’a-t-il bien pu se passer rue des Brice à Nancy ? Quels secrets cette maison Art Nouveau cache-t-elle ? Est-ce pour échapper à leurs créanciers qu’ils se sont évaporés ? Quel rôle joue la secte qu’ils fréquentent ?
Suivant la piste du principal suspect, Ney retrouve des lieux de son enfance. A la recherche de réponses sur le présent, il ne rencontre que des échos du passé. Celui du suspect, mais aussi le sien. Tous ces fantômes semblent ralentir son travail et troubler sa réflexion
Mais le temps presse. Bousculée par le changement politique l’enquête se clôt sur la solution la plus probable. Pourtant, Ney n’est pas convaincu. Pour lui, cette affaire, que les journaux ont nommé l’énigme de la rue des Brice, est un échec douloureux.